
«Je venais de recevoir la foudre. Il était temps de partir moi aussi en exploration,
de prendre le même balluchon que le type peint avec sa longue barbe
blanche. Moïse sans doute. Si à son âge, il le pouvait, alors moi aussi! Le signal du
départ était donné. Qu’allais-je trouver, comment envisager ma route? Di cile à
dire, mais le mouvement devait s’enclencher.
Quitter le nid où je végétais était impératif, parce que le foutu vide qui grignotait
chaque jour un peu d’espace n’allait pas disparaître par magie. Chaque
jour passé augmentait ma frousse de ne pas savoir comment orienter ma vie... or
j’avais un destin à écrire et très envie de lui donner des contours d’exception. Pas
selon les préceptes paternels, non, plutôt à ma façon. Le tableau avait transformé
mon désir en résolution. Façonner mon destin, loin de Paris, s’imposait. Et s’il
fallait renoncer à la toile de sécurité tendue sous mes pieds depuis l’enfance, cela
me convenait car j’allais la troquer contre une liberté de faire et de mouvement.
Un grand soulagement s’en suivit. Comme l’otage fraîchement libéré, j’exultai.
La perspective d’aventures, d’expériences venait d’aspirer le vide qui m’avait
fait sou rir. La force de l’aimant, capable de m’arracher à ma petite vie actuelle,
me remplissait.
Quitter Paris, d’accord. Respirer un air inconnu, génial. Mais lequel ? Il était
temps qu’ils découvrent qui était Yvanoé. Aussi loin que remontent mes souvenirs,
ils disent cependant combien mon départ dans la vie avait de quoi dérouter
mon monde, e rayer mes parents.»
Auteur(s): Carré, Fabienne • •
Editeur: Editions France Agricole
Année de Publication: 2023
pages: 282
Langue: Français
ISBN: 978-2-491-07279-7
eISBN: 978-2-491-07289-6
«Je venais de recevoir la foudre. Il était temps de partir moi aussi en exploration,
de prendre le même balluchon que le type peint avec sa longue barbe
blanche. Moïse sans doute. Si à son âge, il le pouvait, alors moi aussi! Le signal du
départ était donné. Qu’allais-je trouver, comment envisager ma route? Di cile à
dire, mais le mouvement devait s’enclencher.
Quitter le nid où je végétais était impératif, parce que le foutu vide qui grignotait
chaque jour un peu d’espace n’allait pas disparaître par magie. Chaque
jour passé augmentait ma frousse de ne pas savoir comment orienter ma vie... or
j’avais un destin à écrire et très envie de lui donner des contours d’exception. Pas
selon les préceptes paternels, non, plutôt à ma façon. Le tableau avait transformé
mon désir en résolution. Façonner mon destin, loin de Paris, s’imposait. Et s’il
fallait renoncer à la toile de sécurité tendue sous mes pieds depuis l’enfance, cela
me convenait car j’allais la troquer contre une liberté de faire et de mouvement.
Un grand soulagement s’en suivit. Comme l’otage fraîchement libéré, j’exultai.
La perspective d’aventures, d’expériences venait d’aspirer le vide qui m’avait
fait sou rir. La force de l’aimant, capable de m’arracher à ma petite vie actuelle,
me remplissait.
Quitter Paris, d’accord. Respirer un air inconnu, génial. Mais lequel ? Il était
temps qu’ils découvrent qui était Yvanoé. Aussi loin que remontent mes souvenirs,
ils disent cependant combien mon départ dans la vie avait de quoi dérouter
mon monde, e rayer mes parents.»